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Chroniques d'une jeune agrégé en stage

Réactions à la Chronique 4

 

La 4ème chronique de Cécile a fait couler beaucoup d'encre, mais dans le bon sens. Il s'agissait d'une sorte d'appel de détresse face à une situation difficile (et inadmissible: que la personne qui l'a affecté dans un lycée technique parisien prenne ses responsabilités et sorte de son bureau feutré!)

Cécile a reçu de nombreux témoignages et de nombreux messages d'encouragements, que nous reproduisons ci-dessous, pour que toutes les Céciles qui n'ont pas l'occasion de parler sachent que la communauté des profs d'anglais se serre les coudes! Chaleureux remerciements à celles et ceux qui ont contacté Cécile et dont les témoignages suivent.

Pour tout contact, voyez directement avec Cécile: CECILEROSSIGNOL@aol.com 
ou sur le forum du Projet Albion                                                                                    | ARCHIVES |


Je viens de lire ta lettre.....Merci de ta franchise car c'est d'elle que je trouve le courage de te répondre.
Je suis en effet un privilégié qui a la chance d'enseigner l'anglais en province.....Pour nous les problèmes des banlieues difficiles, c'est ce que nous voyons à la télé ou ce que nous lisons au hasard d'un fait-divers.
Cependant, les problèmes extrêmes que tu décris et qui se traduisent par une quasi impossibilité d'enseigner, nous n'en sommes souvent pas loin. La différence, c'est que cela concerne une ou deux classes et qu'en se groupant -la solidarité et le dialogue entre profs sont dans ce cas essentiels- nous arrivons généralement à faire face pour éviter le découragement (euphémisme!)
Nos jeunes collègues, ceux qui débutent comme toi, ont des conditions de travail certes plus faciles mais,
comme toi, elles se heurtent au sexisme, au machisme de certains petits caïds.... Les débuts sont toujours des moments difficiles. On ne peut pas trouver la bonne mesure tout de suite. Il faut du temps pour avoir la bonne distance, pour adopter la bonne attitude, pour réagir comme il faut et apprendre ce qu'on peut laisser passer et... le reste!
Merci à Lauric et..........à toi. Rien n'est pire que de garder les choses pour soi. Même si je suis conscient de ne pas faire grand chose en t'envoyant ces quelques mots, je suis prêt à voir comment t'apporter un peu de mon aide et de mon expérience. J'attends avec impatience de lire ta prochaine lettre.
Jean Paul Alquier (liste e-teach) 


Je viens de lire ta chronique et j'ai cru me "voir" quelques années en arrière. Ma première année (j'étais maîtresse-auxiliaire, donc 0 formation pour me venir en aide) a été également très difficile, mais après en avoir parlé au principal (c'était dans le privé), il m'a proposé de venir dans ma classe pour faire un diagnostic de ce qui n'allait pas. La première chose qu'il m'a dite et que je continue toujours d'appliquer, est de ne "jamais" (en tout cas le moins souvent possible) crier ou hausser la voix pour pouvoir continuer à faire ton cours. Je sais que cela paraît facile à dire comme cà, mais il faut à tout prix que tu montres que tu ne comptes pas faire cours dans ces conditions là. Pour ce faire, il faut ABSOLUMENT que tu arrêtes systématiquement dès que tu te rends compte que trop d'élèves sont largués et vont faire autre chose. Tu vas perdre beaucoup de temps au début, mais c'est pour en gagner par la suite.
S'ils s'aperçoivent que tu ne peux plus faire face (en criant, donnant des punitions continuellement, etc), ils vont profiter de ta faille et s'y engouffrer. Attention, ne te méprends pas, je ne fais de critiques car je suis passée par là; je ne suis pas en train de dire que les punitions sont inutiles mais il faut apprendre à doser afin qu'elles gardent leur caractère efficace. Il est aussi vrai que nous sommes aussi des êtres humains donc faillibles et que parfois il suffit d'un rien pour que cela déborde!
Quant aux cours, il ne faut voler pas trop haut car tu vas les décourager (surtout s'ils se considèrent comme nuls!) et ils ne voudront plus faire quoi que ce soit. Même si tu pense que ce que tu vas proposer est peut-être trop ras des paquerettes, essaie, quitte à réajuster après. De toute façon, il s'agit d'un défaut de jeunesse que l'on arrive à corriger avec l'ancienneté! Rassures-toi, pour tous les profs, les débuts d' année sont difficiles car les élèves changent d'une année à l'autre (donc leur niveau aussi).
Pour que les élèves aient envie de t'écouter (avant même d'apprendre!), il faut leur donner confiance en eux mais avant d'être "cool", il faut être INTRANSIGEANTE sur certaines choses comme de ne pas parler quand tu parles (ou un autre élève qui parle en répondant à tes questions), de lever la main pour demander la parole, de ne pas se lever de sa chaise pour faire n'importe quoi et certaines autres que tu jugeras utiles et essentielles pour la bonne marche du cours. S'ils te demandent pourquoi tu arrêtes ton cours, tu leur explique et ce autant de fois qu'il sera nécessaire. C'est primordial pour que tu sortes, ce sera difficile mais tu verras que petit à petit, ils changeront d'attitude. Paris ne s'est pas fait en un jour, accordes toi du temps et fais aussi autre chose pour défouler toute cette tension nerveuse (j'ai joué au badminton quand j'étais stagiaire et je peux te dire que cela m'a bien aidée!)
Voilà, j'espère que mes quelques conseils te seront utiles; tu peux me recontacter si tu en as besoin. Je sais combien ce métier est éprouvant et combien on se sent seul et démuni au début!
COURAGE !!!
Bye 
Sophie, certifiée en lycée dans la Marne.


Cécile,

En lisant ton message, je me retrouve plongée dix ans en arrière. J'ai
été nommée comme Maître Aux, juste après ma licence, dans un lycée
technique. Je me suis donc retrouvée, du haut de mes 21 ans devant des
classes (8) de garçons qui avaient en gros mon âge, pour certains plus
vieux.... Bref, pendant 2 ans (la deuxième année en LEP a été encore
plus dure), je me suis retrouvée comme toi, impuissante face à des
réactions comme tu les décris..... Il m'est arrivé de pleurer... de
nerfs, en rentrant chez moi, mais surtout, comme tu le décris si bien,
j'étais SEULE...... Même si mes collègues étaient très sympas : 1. il
est toujours difficile de dire : "ça ne se passe pas bien avec moi,
c'est le bordel dans mes cours" quand ils te répondent "oh, avec moi,
tout va très bien!!!!". 2. les "oh, mais ne t'inquiète pas avec le
temps, tu y arriveras", ça n'aide pas beaucoup à supporter le calvaire
;-)) Bref, j'ai tout arrêté, je suis retournée à la fac, j'ai passé ma
maîtrise, puis le CAPES et là....... tout a changé (progressivement).

J'ai fait plusieurs années de collège, puis un peu de lycée à Montgeron,
comme Lauric.... et j'ai fini par être mutée, plus près de chez moi.....
dans mon tout premier lycée (tu sais le technique et général où j'avais
eu tant de difficultés)..... C'est vrai qu'avec le temps, ça s'arrange.
J'aime toujours mes élèves, mais je suis aussi beaucoup plus dure, en
particulier les deux premiers mois de l'année... et bizarrement, ils
t'aiment autant et même plus !!! Il n'est pas dans ma nature d'être
stricte, mais comme tu le dis, c'est ta survie nerveuse qui en dépend.
Alors voilà, je joue un rôle et j'ai des petits trucs.... A mon avis,
les élèves, en particulier en technique, marchent énormément à
l'affectif. Le plus dur est de trouver un juste milieu entre être une
personne sympa, compréhensive et tout et tout.....et être une peau de
vache (entendue à la sortie de mon premier cours cette année avec des
1ères techniques). Laisse tomber les colles, par contre, tu peux
instaurer un règlement très strict auquel il faut se tenir au maximum
jusqu'à ce qu'ils aient compris qu'en gros, il n'y a qu'un seul chef
(toi) et que pour l'instant, la discussion sur le règlement n'est pas
possible.

Voilà le mien, qui vaut ce qu'il vaut mais qui commence déjà à porter
ses fruits :
1. retard interdit (tolérance : 2 mns, après, c'est direct le bureau de
la vie scolaire)
2. devoirs non faits ou matériel oublié : au bout de deux fois, un zéro
qui compte dans la moyenne.
3. bavardages : au bout de la deuxième remarque : exclusion du cours.
4. attitude incorrecte : exclusion directe du cours.

J'ai aussi placé, dès le premier cours, 2 élèves que j'avais repérés au
premier rang, place qu'ils garderont jusqu'à la fin de l'année (c'est ce
que je leur ai dit, mais bien sûr, ça changera... )

Je note tout dans un cahier : ça les a beaucoup impressionnés quand, dès
le deuxième cours, j'ai annoncé "Au fait, Mario et Olivier, je vous
rappelle que votre place est devant !!!" (j'avais révisé mes "notes" 5
mns avant le cours). Et j'ai déjà mis 7 zéros pour des oublis de
devoirs/matériel. Au bout du 5 ème cours, tous les élèves avaient fait
leur devoirs et avaient leur livre.

Au fait Cécile, ne t'inquiète pas, même si je te raconte tout ça, il
m'arrive encore de ne pas contrôler la situation.... C'est aussi ça être
prof, des fois, tu as un peu trop fait la fête la veille, tu t'es
engueulée avec ton copain, et puis voilà, tout se détraque.....

Avec ton enthousiasme, tu ne peux qu'arriver à un quelque chose de
super, alors, STP, ne te décourage pas.... Les élèves ont encore besoin
de gens comme toi !!!! N'hésite pas à demander des conseils autour de
toi, et applique ceux qui te correspondent : il n'y a pas une et unique
manière d'enseigner. (Un des conseils que l'on m'avait donné au tout
début de ma carrière eétait de ne pas sourire !!!! Manque de bol, je
porte ça sur mon visage ;-))) et j'ai continué à sourire !!!) Au bout
du compte, le rapport avec les élèves difficiles est souvent très riche.
Ils peuvent te rendre la vie difficile un moment, puis te donner
beaucoup plus que tu ne l'imagines .....

Si tu le souhaites, (mais je suppose que tu dois avoir un tuteur) tu es
la bienvenue dans une de mes classes (je n'ai hélas qu'une classe de
technique cette année).....

et puis bon courage !!!!

Caroline


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Dernière mise-à-jour: 16/12/2001